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La journée d’Ivan Denissovitch

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La journée d’Ivan Denissovitch Empty La journée d’Ivan Denissovitch

Message  Admin Mer 12 Nov - 18:34

Fiche de lecture :

Mon choix s’est porté sur La journée d’Ivan Denissovitch d’Alexandre Soljenitsyne, un ouvrage qui présente un phénomène historique du XXème : l’expansion des camps de travail forcé du Goulag sous Staline.

Présentation de l’ouvrage et de l’auteur :

Une journée d’Ivan Denissovitch est un roman d'Alexandre Soljenitsyne écrit en russe et publié dans la revue Novy Mir pour la première fois en 1962 dans le contexte de « déstalinisation ». Cependant Soljenitsyne avait dû consentir à des coupures et par endroit, remanier le texte original. Alexandre Soljenitsyne, (1918 – 2008) est un romancier et dissident russe, auteur aussi de L'Archipel du Goulag. Son roman décrit les conditions de vie dans un camp de travail forcé russe du début des années 1950 à travers les yeux d'Ivan Denissovitch Choukhov, archétype du paysan russe moyen que l'on suit au cours d'une journée.

Cadre spatio-temporel :

L’action se passe dans un goulag en Sibérie, vaste région comprenant la partie orientale de la région asiatique de la Russie, délimitée à l'ouest par l'Oural, au nord par l'océan Arctique, à l'est par l'océan Pacifique et au sud par la Chine, la Mongolie et le Kazakhstan. La Sibérie a un climat continental extrême aux hivers longs et froids (dans le nord, des températures de -69,4°C en hiver ont été relevées)
Dès les années 20, Staline est pour une politique qui fait passer tous les fermiers propriétaires employés de l’état. Entre 1936 et 1938 Staline fait le ménage dans les rangs de l’armée pour envoyer des gens dans des camps de travaux forcés. Durant cette période, plusieurs millions de détenus, à "mentalité de koulak" ou fuyant la collectivisation forcée des terres, sont incarcérés, comme Choukhov, dans les camps du Goulag. Plusieurs millions d'entre eux meurent de froid, de faim, de fatigue, de mauvais traitements, ou d'une balle dans la nuque.

Enonciation :

Alexandre Soljenitsyne raconte l’histoire en utilisant un style oral et plutôt familier. Il utilise le vocabulaire argotique des koulak(le vocabulaire est parfois assez complexe à comprendre)et décrit d’une façon crue le goulag.

Résumé :

Choukhov (M-854) a été condamné à la déportation en camp de travail pour « trahison de la patrie ». Bien qu'il ait été condamné à 10 ans, Choukhov sait qu'il ne quittera vraisemblablement pas le camp vivant. Le livre retrace une des multiples journées de Choukhov au goulag et s'ouvre sur le réveil de Choukhov, malade. Mais il est contraint de nettoyer le sol du corps de garde à cause de son retard. Sa punition effectuée, il se rend au dispensaire cependant le médecin ne peut pas l'exempter car il a déjà dépassé son quota quotidien d'arrêts de travail. Choukhov est donc renvoyé au travail. Les hommes du camp ont une vie partagée entre travaux forcés et méthodes de survie, et seul les plus résistants arrivent à s'en sortir. Les rations de nourriture sont très limitées, et représentent pour les prisonniers leur seule richesse. A la fin de la journée, il arrive à rendre de petits services à César, un intellectuel capable d'échapper aux travaux manuels en s'étant rendu utile aux services administratifs. Finalement, la journée de Choukhov a presque été une bonne journée, car il a pu survivre.
Commentaire
Ce roman, court et accessible, ouvre les yeux sur une réalité caché de l’histoire et ne se limite pas seulement au portrait d’un prisonnier soviétique mais aussi au système concentrationnaire du goulag. La publication d' Une journée d'Ivan Denissovitch alerta l'opinion occidentale sur la réalité et la portée symbolique du goulag soviétique ; pourtant d'autres témoignages explicites, bien antérieurs à celui de Soljenitsyne, étaient restés sans écho.
L’intérêt historique de cet ouvrage se trouve dans le thème abordé par Soljenitsyne, en effet le goulag à une place importante dans l’histoire de l’URSS sous Staline. L'« archipel du Goulag » constitue en URSS stalinienne un véritable monde à part, avec sa population, ses mœurs, sa géographie, ses institutions et son économie propres. Mais l’intérêt se trouve aussi dans le contexte ou il a été publié en URSS, un contexte de déstalinisation, où Khrouchtchev succède à Staline de 1953 à 1964 et condamne surtout le caractère dictatorial et répressif du pouvoir stalinien. C’est donc la fin du goulag stalinien puisque les grands équipements sont suspendus, la discipline dans les camps assouplie, le temps de travail réduit, les camps spéciaux supprimés, plusieurs complexes de travail démantelés… Surtout, des amnisties de masse sont prononcées et on réhabilite des centaines de milliers de personnes.
Ce choix permet aussi de rendre hommage à Soljenitsyne, décédé récemment (le 3 Aout 2008), auteur reconnu internationalement et prix Nobel de littérature en 1970. Il a été condamné en 1945 à 8 ans de camp de travail pour activité contre-révolutionnaire. Ainsi lorsqu’il expose le système concentrationnaire du goulag, on sait qu’il a été vécu de l’intérieur. De plus on peut saluer le courage de cet homme qui a du survivre à la surveillance du KB lorsqu’il vivait encore sur le territoire russe, puis qui a du surmonter la déchéance de sa nationalité russe et son expulsion d’URSS en 1974 pour avoir publié L’Archipel du Goulag en occident. Il ne pourra retrouver son pays qu’en 1994.
J’ai apprécié ce roman car sans être un documentaire ou un cours d’histoire, il nous pousse à la réflexion sur le système totalitaire de l’URSS, sur l’importance qu’ont les droits de nature qui pour nous semblent acquits et évidents. Mais il nous permet aussi de s’ouvrir à une nouvelle culture, à nous enrichir de l’histoire fictive d’Ivan Denissovitch qui ressemble un peu à celle de tous les zeks des goulags soviétiques. Cependant même si ce livre est noir, le sujet l’exige, il n’est pas dénué d’espoir et d’humour, ce qui rend la lecture de cet ouvrage facile et surtout nécessaire pour comprendre ce que le régime soviétique a fait vivre a plus de 18 millions d'hommes.
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