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Fiche de lecture Mai 68 Une histoire du mouvement, L.Joffrin

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Message  Admin Ven 21 Nov - 18:15

DUMAS Charlotte
Fiche de lecture Mai 68 Une histoire du mouvement, L.Joffrin

"Mai 68 Une histoire du mouvement", publié en 1988 et réédité en 2008 par les éditions Points.
Auteur : Laurent Joffrin. Né en 1952, diplômé de l'IEP de Paris et de sciences économiques. Il a été directeur de publication à Libération, puis on lui a offert le poste de rédacteur en chef au Nouvel Observateur. Depuis, il navigue entre ces deux journaux. Il est tout d'abord important de noter les coïncidences entre les dates : ce livre a été écrit à l'occasion du 20ème anniversaire de Mai 68 puis réédité 40 ans après les événements. Cela permet à l'auteur d'avoir un certain recul vis à vis de ce qu'il raconte et d'en mesurer l'impact actuel sur la société française. En effet, dans sa préface, L.Joffrin fait l'éloge du mouvement et la critique de ses contestataires. Il expose premièrement quelles sont les personnes qui regrettent Mai 68, pour ensuite défendre ces événements en expliquant dans quel contexte ils se sont déclenchés, grâce à qui et quelles ont été leurs conséquences, bonnes ou mauvaises. Il finit par conclure que, malgré les critiques, nul ne souhaiterait revenir au temps et aux moeurs de "l'avant-68", s'il les connaît un tant soit peu. Il nuance malgré tout son point de vue en expliquant aussi que les acquis de Mai 68 ne sont pas définitifs, et qu'il faut continuer à chercher à améliorer notre société. Ainsi, dès les premières pages, nous pouvons affirmer que L.Joffrin est un fervent défenseur de Mai 68, même s'il reconnaît qu'il y a eu des erreurs, tant du côté du gouvernement que de celui des étudiants. Cet homme a écrit ce livre afin de prouver que les causes de ce mouvement étaient justifiées, qu'il était nécessaire, et pour préserver son héritage, qu'il juge essentiel. Il faut aussi noter que l'auteur ne présente son point de vue personnel que dans cette préface, et qu'il n'est présent nulle part ailleurs dans l'oeuvre. Cet ouvrage présente un plan chronologique, retraçant étape par étape la progression du mouvement, passant de simple revendication étudiante à crise sociale puis politique majeure. L.Joffrin met d'ailleurs bien en avant ce découpage puisqu'il divise son livre en trois parties, à l'image des trois phases du mouvement : la crise étudiante ( du 1er au 13 mai ), sociale ( du 14 au 24 mai ) puis politique ( du 25 au 30 mai ). En effet, ce sont les étudiants qui mettent le feu aux poudres dès le 3 mai en organisant un meeting à la Sorbonne, pour se plaindre de la "répression policière" subie par huit étudiants de Nanterre qui ont troublé l'ordre lors d'une visite du ministre de la jeunesse et des sports dans leur université le 22 mars. Daniel Cohn-Bendit est un de ceux-là ; ce jeune homme est un personnage clef du "mouvement du 22 mars" puis des événements de mai, puisqu'il en est une des figures les plus motivées, cherchant à faire valoir le mieux possible les revendications étudiantes auprès des autorités. Le meeting du 3 mai prend la forme de la première émeute parce que des policiers surveillent la Sorbonne afin d'éviter tout débordement ; c'est justement leur présence qui déclenche l'excitation des étudiants. Une émulation s'en suit et des passants prennent place dans les rangs des étudiants ; les policiers sont surpris par la force de la riposte et peinent à ramener le calme. Le gouvernement hésite dans l'attitude à adopter, les avis sont partagés et très contradictoires. C'est ce qui fera la force du mouvement : il est inhabituel, spontané et assez désordonné, ce qui empêche les tactiques policières d'être efficaces. Selon l'auteur, il faut comprendre ce soulèvement étudiant comme la crise d'une génération entière et pas seulement comme une réponse à une atteinte envers huit étudiants, bien qu'ils aient joué le rôle de détonateur. Ces jeunes voulaient un nouveau mode de vie, adapté aux progrès technologiques accomplis, à la prospérité ambiante et à la libération des moeurs que ne permettait pas la société de l'époque. Leurs buts étaient donc la liberté et l'égalité, afin d'améliorer leur existence. Les étudiants poursuivent début mai leurs manifestations, occupant les universités et revendiquant la libération de "leurs camarades", du Quartier Latin et de la Sorbonne. Ce sont finalement les syndicats étudiants qui se rallient aux étudiants, même s'ils étaient tout d'abord réticents à cette union. Le problème est que le mouvement perd de son intensité : les manifestations sont plus organisées et il y a moins de débordements ; les étudiants ont peur de perdre le contrôle des événements, c'est pourquoi ils décident de frapper un grand coup. C'est ainsi que le 10 mai, une nouvelle manifestation tourne en émeute : c'est la "nuit des barricades" où, encore une fois, les forces de l'ordre sont submergées par la foule, les étudiants se faisant aider par les passants. Malgré tout, les policiers reprennet le dessus de l'affrontement. Cela rend le mouvement étudiant plus sympathique à l'opinion publique, qui s'insurge contre la violence policière. Dès lors, les syndicats "adultes" ( c'est-à-dire non-étudiants ) rejoignent le mouvement et lancent un ordre de grève générale pour le 13 : c'est le début de la crise sociale. De Gaulle perd sa légitimité aux yeux du peuple, qui se révolte contre un tel "régime autoritaire". Les autres membres du gouvernement tentent de calmer les syndicats, mais c'est peine perdue : la manifestation a lieu, comprenant 300 000 manifestants. Le lendemain, de nombreuses grèves ont lieu dans tout le pays alors que Pompidou ( le premier ministre ) prend tous les pouvoirs pour régler la crise rapidement. Le 15 mai, la CGT prend finalement elle aussi part aux événements et le pays subit une grève générale et illimitée. Mais elle a pour but de géner le pays et pas le gouvernement, ce qui est différent des objectifs étudiants. En effet, les ouvriers prônent une sorte de révolution prolétaire alors que les étudiants voudraient un changement de régime, possible grâce au renversement du gouvernement. Finalement, le 24 mai une grande manifestation alliant étudiants, ouvriers et salariés a lieu ; elle dégénère et des barricades sont montées, la violence augmente ainsi que les combats avec les CRS. A présent, la France a peur des étudiants, dont les revendications ont perdu leur parfum frais des débuts. Le gouvernement est dépassé et divisé : de Gaulle annonce son référendum afin d'intéresser les français grâce à la participation, et met en jeu sa démission ; la gauche voit en P.Mendès-France un représentant idéal alors que Mitterrand convoitait ce rôle ; et Pompidou cherche à satisfaire les syndicats. C'est ainsi que peu à peu, les événements se transforment en crise politique, remettant en question la légitimité du gouvernement et de ses représentants. Pour ce qui est de la question ouvrière, Pompidou tente de régler le problème par les accords de Grenelle du 26 mai, qui posent de nouveaux droits pour les salariés. Les syndicats n'arrivent pas très bien à négocier, le gouvernement prend le dessus et impose ses décisions en majorité. Ainsi, au lieu de stopper les grèves, ces accords les renforcent car les ouvriers en sont très déçus : ils n'ont pas acquis les droits qui leur semblaient essentiels, et les autres points positifs leurs semblent trop négligeables pour être approuvés. C'est le 29 mai que la crise politique atteint son paroxysme : de Gaulle quitte Paris avec toute sa famille pour, à priori, se reposer. Cela plonge les membres du gouvernement dans la surprise et l'affolement. Mais en réalité, le Général est allé à Baden voir le général Massu, qui lui aurait redonné la motivation et la force nécessaires pour mettre fin à la crise ; il existe diverses versions de cette fuite, mais elles ne sont pas développées dans cet ouvrage, qui accrédite plutôt l'hypothèse énoncée plus haut. Le lendemain, de Gaulle est de retour à Paris, où il refuse la démission de Pompidou et prononce un discours à la radio et à la télévision dans lequel il annonce la dissolution de l'Assemblée Nationales et un référendum sur la décentralisation, mettant en jeu sa démission. Cette allocution est suivie d'une manifestation pro-gaulliste sur les Champs Elysées, qui réunit bien plus de monde que ce que les pronostics avaient annoncé : le Général a retrouvé une certaine légitimité. Cela est prouvé par la reprise petit à petit du travail à l'usine et dans les universités ainsi que par de profonds changements ministériels : le 23 juin, la majorité l'emporte largement aux législatives. Ainsi, ce livre retrace en détail l'histoire de Mai 68, d'une façon assez objective dans la mesure où l'auteur ne prend que très peu position : il se contente d'énoncer des faits, sans se placer du côté des étudiants ou de celui du gouvernement. Cet ouvrage constitue donc une chronologie claire des événements, expliquant leurs causes comme leur déroulement ainsi que leurs conséquences, permettant de ce fait de mieux saisir la réalité de Mai 68. De plus, l'auteur s'exprime dans un langage clair, pas trop technique ou soutenu, ce qui rend son ouvrage d'autant plus abordable et agréable à lire.
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