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La guerre d'Espagne

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Message  Charly Jeu 11 Déc - 17:07

I_ La genèse du conflit.

1. Les élections et les débuts du Front populaire (février-juillet 1936)
Aux élections de février 1936, le Front national remporte 33,2 % des suffrages et 191 sièges, auxquels on peut joindre ceux de 18 députés centristes, mais il est devancé par le Front populaire qui avec 34,3 % des voix remporte 254 sièges aux Cortes, grâce à des arrangements et à une abstention importante, qui bien qu'en baisse par rapport à 1933 (90%), représente le tiers restants. À droite, on pense que cette coalition de gauche va faire une révolution, à gauche, on considère que la droite voulait établir une dictature fasciste. Certains anarchistes ont appelé à voter pour le « Front populaire », une des rares exceptions à leur principe d'abstention aux élections. Dans la plupart des cas, cette attitude n'est pas due à un vote d'adhésion ou à un « vote utile » mais plutôt à un vote tactique.
Le Front populaire tente de reprendre l'action du gouvernement de 1931, mais le climat est difficile. D'un côté, une partie du peuple, subissant souvent des situations de grande pauvreté, met en œuvre, les réformes sociales promises par les partis du Frente popular, mais qui tardent à venir. De l'autre, les notables, industriels ou paysans aisés, qui ont peu confiance dans le régime républicain pour maintenir l'ordre, sont radicalement anticommunistes. Les crimes politiques se succèdent, commis par les milices ouvrières ou par les milices nationalistes et les représailles s'enchaînent. L'Etat ne maintient plus l'ordre.

2. Le complot militaire
Dès le lendemain des élections de 1936, qui voient la victoire du Frente popular, des complots se forment, notamment avec les généraux Sanjurjo, Mola, Goded, Fanjul, et, moins nettement, Franco.
Le gouvernement, informé de ces conspirations, a pour seule réaction de déplacer les hauts responsables soupçonnés loin de la capitale : Franco est muté aux îles Canaries. L'insurrection est prévue pour le 19 ou le 20 avril 1936, sous la direction de Sanjurjo, en exil au Portugal depuis sa tentative ratée de coup d'État de 1932.
Mais Mola reste en position de force : muté dans une région qui est probablement parmi les plus antirépublicaines d'Espagne, il peut comploter à loisir. Dès juin, les contacts se tissent entre conjurés. Le coup d'État doit être retardé car Mola a quelques difficultés pour obtenir le soutien des milices carlistes de Navarre, qui exigent un retour à une monarchie conservatrice.
L'assassinat de Calvo Sotelo le 13 juillet 1936 met le feu aux poudres. Les militaires décident de lancer l'offensive les 17 (au Maroc) et 18 juillet (péninsule), sans objectif politique autre que le renversement du pouvoir de gauche ; la forme républicaine de l'Etat n'est pas encore contestée.

3. Le coup d'État raté et l'enlisement
L'insurrection franquiste de juillet 1936 survient après plusieurs mois de grèves, d'expropriation, de batailles entre paysans et gardes civils. Francisco Largo Caballero, chef de l'aile gauche du parti socialiste, avait demandé en juin d'armer les ouvriers.
Le coup d'État, ou pronunciamiento, débute le 17 juillet au Maroc espagnol où Franco prend le commandement des troupes, après être arrivé en avion des îles Canaries via le Maroc français. Le putsch touche l'ensemble de la métropole dès le lendemain.
Quand l'insurrection éclate, le gouvernement républicain se trouve paralysé. Ses premiers communiqués, au bout de 24 heures, se veulent rassurants, reconnaissant seulement qu'une partie de l'armée s'est soulevée au Maroc. Le gouvernement refuse de donner des armes aux travailleurs qui en réclament, menaçant de faire fusiller ceux qui leur en fourniraient.
Le gouvernement républicain tente une conciliation avec les militaires. Le président Manuel Azaña propose la mise en place d'un gouvernement de compromis à la place du Frente popular : le 18 juillet, il nomme Diego Martínez Barrio chef du gouvernement, mais doit rapidement constater l'échec de ses efforts. Ni du côté nationaliste avec Mola, ni du côté républicain avec le socialiste Francisco Largo Caballero, on ne veut de compromis. L'issue guerrière est inévitable, et dès le lendemain de sa nomination, Martinez Barrio démissionne, remplacé par José Giral.
Le 17 juillet, à Barcelone, les militants de la communistes commencent à s'armer, dans les arsenaux et les chantiers navals. Leur détermination fait basculer de leur côté la Garde civile, obligeant les militaires à capituler dans cette ville qui est la deuxième du pays. Quand le gouvernement décide de donner des armes à la population, celle-ci est, de fait, déjà armée.
À Madrid, des armes sont finalement distribuées, là aussi, aux ouvriers, mais dépourvues de culasses donc inutilisables. La population lance cependant un assaut, le 20 juillet, contre la caserne de la Montana, et s'en empare.
Si certaines régions tombent rapidement (Navarre, Castille-et-León, Galice, Andalousie occidentale, grandes villes d'Aragon), le reste du pays reste fidèle à la République. Madrid, Valence et Barcelone restent aux mains des républicains, grâce notamment aux milices ouvrières. Au bout d'une semaine, le pays est coupé en deux zones à peu près égales : d'un côté les nationalistes, de l'autre les républicains qui conservent les régions les plus riches et les plus industrielles.
En tentant ce coup d'État, les militaires ont en fait déclenché la révolution dans le pays. Voyant les travailleurs armés, bien des patrons s'enfuient, ou rejoignent le camp des nationalistes. En réaction, la population ouvrière saisit les entreprises, 70 % d'entre elles en Catalogne, 50 % dans la région de Valence, et instaure un contrôle sur les autres. Les paysans collectivisent les trois quarts des terres. L'Eglise ayant choisi, sauf dans le Pays basque, le camp de Franco, ses biens deviennent propriété du peuple.
Les autorités légales ont perdu tout pouvoir, ne disposent plus d'aucune force de police, d'armée ou de justice. À la place, la gauche met en place des organes d'un nouveau pouvoir, organise des milices pour combattre les nationalistes, réorganise les transports, l'approvisionnement des villes, transformant des usines pour les besoins de la guerre.
Cependant, les partis et organisations ouvrières laissent le gouvernement en place : début septembre, Francisco Largo Caballero donne deux ministères aux communistes ; en novembre, ce sont des anarchistes qui entrent au gouvernement. En novembre 1936, tous les ministres (y compris les anarchistes) signent un décret sur la dissolution des milices. Celles qui refusent de rentrer dans l'armée du gouvernement ne reçoivent plus d'armes, ce qui facilite la victoire des nationalistes sur plusieurs fronts ; les tribunaux révolutionnaires sont remplacés par les tribunaux du régime précédent..

Charly
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Date d'inscription : 13/09/2008

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