Prépa Sciences Po de Lyon
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Nike : Jusqu’à 50% sur les articles de fin de saison
Voir le deal

Fiche de lecture de : 1958, le retour de De Gaulle

Aller en bas

Fiche de lecture de : 1958, le retour de De Gaulle Empty Fiche de lecture de : 1958, le retour de De Gaulle

Message  Admin Jeu 11 Déc - 17:55

Fiche de lecture de : 1958, le retour de De Gaulle

Par René Rémond



Edition : Complexe, QUESTIONS AU XXEME SIECLE, HISTOIRE, 15/01/1999

Biographie de l’auteur :

René Rémond (30 septembre 1948 – 18 avril 2007) est un historien et politologue français. Après des études dans l’Ecole Normale Supérieure dans un premier temps retardées par la guerre, il obtient en 1952 un doctorat ès lettres. A la suite de cela, il devient en 1956 professeur des universités à l’institut d’études politiques de Paris. Il est également nommé à la nouvelle université des lettres et sciences humaines de Paris en 1964 et intervient fréquemment dans les médias. Le 18 juin 1998 il est nommé 1er fauteuil de l’Académie française. Il meurt malade à Paris en 2007.

Résumé :

Pour René Rémond, la crise de 1958 fait partie de ces évènements majeurs qui constituent « la mémoire d’un siècle », de part le phénomène en lui-même mais aussi toutes ses retombées qui s’échelonnent souvent sur plusieurs années voire décennies.
Avant d’en arriver à proprement parler à l’année 1958, il s’intéresse d’abord aux origines de la crise. Ces origines naissent d’abord dans le passé lointain, source de comparaisons. Par exemple les révoltes d’Alger le 13 mai 58 ne sont pas sans rappeler les manifestations parlementaires du 6 février 1934. Dans les origines plus récentes de la crise, il convient de noter les défaillances de la IV République, à savoir une instabilité ministérielle et parlementaire qui discrédite le régime et oriente l’opinion vers une pensée antiparlementaire (poujadisme). Le « jeu des partis » que dénonce Charles de Gaulle est l’empreinte de la IV République. Mais puisqu’il est question du général, rappelons qu’il s’est retiré de la vie politique suite à l’échec de son parti, le RPF (Rassemblement du Peuple Français) aux élections municipales de 1953.
Se rapprochant constamment de 1958, René Rémond expose la balance des forces politiques entre 56 et 58 qui sont divisées en 3 ensembles d’importance égale, ne permettant pas la formation d’une réelle majorité à l’Assemblée. Il est donc difficile pour René Coty, Président de la République de trouver un candidat au titre de Président du Conseil qui passe l’épreuve de l’investiture par l’Assemblée. En novembre 57, Félix Gaillard accède finalement à ce poste, dans un contexte économique rendu difficile par une guerre d’Algérie qui dure depuis le 1er novembre 1954. Le 8 février 1958, il décide le bombardement d’un village Algérien, Sakhiet Sidi Youssef, en guise de répression face à la mort récente de 15 soldats français, tués par l’ALN (Armée de Libération Nationale). Le bombardement se révèle être plus meurtrier que prévu (69 morts), ce qui mène les autres nations à fixer leurs regards sur la France et, le 15 avril, Félix Gaillard à démissionner. René Coty met du temps à gérer la crise et les hommes qu’il nomme candidat à l’investiture (Georges Bidault du MRP, puis René Pleven de l’UDSR) échouent devant la difficulté de rallier une majorité à l’Assemblée. Finalement Pierre Pflimlin du MRP, est nommé par Coty. Pflimlin constitue un gouvernement qu’il présentera à l’Assemblée le 13 mai.
Ce même jour voit l’explosion de troubles en Algérie, une cohorte de manifestants s’emparant du Gouvernement Général (le GG), symbole du pouvoir à Alger. Un Comité de salut public est formé qui demande un Gouvernement de salut public en métropole (espérant contrer l’investiture de Pflimlin). Le résultat est tout autre à l’Assemblée, et Pflimlin, nouveau Président du Conseil transfère les pouvoirs civils et militaires au général Salan pour ne pas perdre la face en légitimant le pouvoir arraché pas les émeutiers. Ce dernier lance un appel au général de Gaulle le 15 mai. Celui-ci se déclare « prêt à assumer les pouvoirs de la République ».
L’Assemblée voit d’un mauvais œil l’apparition de ce nouveau joueur, qui cependant continue sur sa lancée avec une conférence de presse qui rassure les peurs au sujet d’une dictature qu’il pourrait exercer, et permet à de Gaulle de rallier à sa cause certains hommes politiques (par exemple Antoine Pinay). Le 24 mai, des forces armées débarquent en Corse en provenance d’Algérie. La crise s’intensifie et Pflimlin a de plus en plus de difficultés à trouver une solution.
S’en suit un nouveau communiqué de de Gaulle (le 27 mai) qui déclare vouloir accéder au pouvoir par des voies régulières. La question de Gaulle divise les partis, notamment le SFIO de Guy Mollet. Pour Coty, en revanche tout est clair, et il menace l’Assemblée de démissionner s’ils n’investissent pas de Gaulle qui présente son gouvernement le dimanche 1er juin. La difficulté vient aussi de ce que le général souhaite bénéficier de pouvoirs spéciaux pour régler la crise Algérienne, du pouvoir législatif pour réformer la société (pendant 6 mois) et surtout du droit d’écrire une nouvelle Constitution. L’investiture lui est accordée au soir du 1er juin, et les pouvoirs spéciaux demandés le 3 juin, malgré l’opposition farouche des communistes. Le 4 juin, le nouveau Président du Conseil se rend à Alger et son discours (« je vous ai compris ») rassure à tort les partisans de l’Algérie française. De Gaulle décide de prendre en main la politique en Algérie (rappel en octobre de Salan), met en place une politique visant le progrès économique, presse les opérations militaires en Algérie, et dans le même temps s’engage dans l’écriture de la nouvelle Constitution.
Celle-ci, en réalité écrite par Michel Debré comprend des mesures donnant à la future Vème République un caractère plus présidentiel que la précédente (article 16 qui donne droit au président d’exercer les plein pouvoirs en cas de crise majeure) mais est finalement acceptée par des conseils d’experts et par le peuple français lors du référendum du 28 septembre (le oui l’emporte avec près de 80% des voix au grand dam des communistes). La période qui suit voit passer de nombreuses réformes notamment économiques, qui ne sont pas toujours bien acceptées.
De Gaulle est finalement élu premier Président de la Vème République le 21 décembre 1958 et rentre à l’Elysée le 8 janvier 59, nommant Michel Debré comme 1er ministre. Dans l’intervalle, l’élection d’une Assemblée avait finit de perturber la scène politique française avec le déplacement de la limite gauche/droite et la création du parti gaulliste l’UNR (Union pour la Nouvelle République). René Rémond conclut son rappel historique de l’année 1958 sur la suprématie que connaît alors le gaullisme en France, l’Assemblée ayant pour Président Jacques Chaban-Delmas, un gaulliste convaincu.
Enfin, il rappelle également le rôle majeur joué par René Coty, Guy Mollet et de Gaulle dans la résolution de la crise, une crise, qui, comme de nombreuses autres, avait trouvé une solution dans l’appel à l’aide d’un héros du passé.

Analyse du contenu :

Comme le dit René Rémond, la crise de l’année 1958 est un des évènements qui constitue « la mémoire du XXème siècle ». En insistant sur les origines de la crise, il nous permet de mieux l’appréhender et de mieux comprendre son déroulement. Tout en restant neutre politiquement il énonce clairement les difficultés du régime avant l’instauration de la Vème République, et principalement pendant la crise. On perçoit bien également la multitude de facteurs ayant permis à la situation de se dérouler comme elle l’a fait, et René Rémond accorde une part non négligeable à l’influence psychologique que peut avoir la personnalité d’un dirigeant tel que de Gaulle sur la décision d’un peuple. Par exemple, le référendum concernant la Constitution de la Vème République, obtient, d’après René Rémond, un oui massif en partie grâce à la personnalité de celui qui proposait la Constitution au peuple.
Dans son livre, René Rémond porte l’accent sur les déboires institutionnels qui entourent la crise. En effet, lors des prémices de ladite crise, il exprime clairement la difficulté qu’éprouvait René Coty à trouver l’homme de la situation, du fait de l’absence d’une majorité cohérente à l’Assemblée, et partant de là des nécessaires arrangements entre les partis. De même, il montre la difficulté de Charles de Gaulle de revenir sur l’avant de la scène politique et de s’imposer en sauveur de la France. Du reste Rémond insiste sur le rôle clé de Guy Mollet et doublement-clé de René Coty dans cette « prise de pouvoir » du général. En outre, René Rémond insiste également sur les hésitations de l’Assemblée à confier les pouvoirs spéciaux requis par de Gaulle, ce qui montre bien que même face à la gravité de la crise, certains dirigeants rechignaient à être les artisans de la chute de la IVème République, même si les demandes du général nécessitaient en effet qu’on lui accorde une confiance absolue. Enfin, lors du processus de changement de régime, l’accent est une nouvelle fois mis sur la difficulté de faire accepter la nouvelle Constitution ou même les nombreuses réformes voulues par de Gaulle. En regardant attentivement ces étapes de la crise de 1958, il nous est ainsi donné de voir clairement que les institutions politiques peuvent ralentir le processus de résolution d’une crise, d’où l’importance aux yeux de de Gaulle de maintenir l’article 16 dans la nouvelle constitution.
Admin
Admin
Admin
Admin

Messages : 171
Date d'inscription : 07/09/2008

https://prepa-sciencepo.forumactif.org

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser