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Message  Admin Ven 12 Sep - 14:16

Chapitre 16 - La France, encore une grande puissance
(1911-1914)


L’expansion coloniale française, initiée en 1880, se poursuit jusqu’à la fin du siècle. L’opinion publique, d’abord opposée à ce projet qu’elle juge inutile, finit, dans les années 1890, par se rallier aux arguments gouvernementaux.
Néanmoins c’est là une évolution à nuancer : tous les Français ne sont pas de fervents colonialistes ; en sus de ceux dont l’opinion a toujours été gagnée à la « Grande France », deux autres groupes se démarquent : ceux qui sont clairement contre, mais qui sont minoritaires, et ceux, beaucoup plus nombreux, qui se sont laissé convaincre par l’appareil médiatique (manuels scolaires, presse écrite, « groupes coloniaux » à l’Assemblée) mis en place par l’Etat, ou ne mette pas beaucoup de conviction dans leur résistance.
C’est ainsi que dans les années 1890, l’enjeu colonial est devenu prépondérant en matière de politique étrangère.

En 1893, l’armée coloniale prend forme. En 1889 apparaît une école coloniale.

L’empire colonial prend alors sa forme définitive, bien tracée en Asie, que la France et l’Angleterre se sont partagés, beaucoup moins en Afrique qui n’est pas encore totalement colonisée. La France colonise Madagascar en 1896, et tente d’établir un axe ouest-est français en Afrique, néanmoins l’expédition française se heurte aux réticences britanniques, et au Niger en 1896, et surtout en 1898 à Fachoda, la guerre semble gronder entre les deux rivaux de toujours. La France, placée en situation délicate, refuse néanmoins de traiter avec les Allemands en vue de défaire l’Angleterre, mesure pour tout stratégiquement évidente : la rancune de 1871 est toujours là.
Finalement, c’est le 21 mars 1899 que la France et l’Angleterre parviennent à un accord départageant leurs zones d’influences respectives. Laissant finalement l’Egypte aux Anglais, les Français s’assurent de leur soutien pour s’installer au Maroc, très convoité par l’Allemagne que seule la coalition anglo-française fera reculer.
Entre 1870 et 1913, la surface de l’empire a été multipliée par 10, atteignant 10 millions de km², pour seulement 48 millions d’habitants.
L’étendue et la diversité de cet empire rendait l’idée d’une division générale impossible ; néanmoins quelques regroupements se sont faits : l’Afrique Occidentale française (AOF) et l’Afrique équatoriale française (AEF)….
Le régime administratif de ces colonies varie énormément d’un pays à un autre : assimilation, association, protectorat…. L’Algérie est divisée en trois département (fait donc partie de la France), mais est dirigée par un gouverneur ; de plus, ses habitants, appelés « indigènes » sont l’objet d’un statut administratif spécial et ne sont pas des citoyens français à part entière : ils sont jugés plus sévèrement, n’ont pas le droit de vote…
L’Union Cochinchinoise est, de la même manière, dirigée par un gouverneur. L’AOF est géré par une hiérarchie militaire, tandis que l’AEF est à hauteur de 70% concédée à des investisseurs privés qui exploitent son territoire et sa population.
Dans l’empire tout entier, l’armée continue à jouer un rôle prépondérant : c’est elle qui assure la docilité et l’obéissance des colonisés.

L’empire colonial français est le deuxième au monde, après l’Angleterre. Il y a néanmoins une différence fondamentale entre les politiques commerciales qu’adoptent ces deux empires envers leurs colonies : alors que l’Angleterre place la moitié de ses exportations dans son empire, la France n’y envoie que 9%. De 1880 à 1914, les investissements français dans les colonies ont tout de même doublé, profitant des intérêts de certains secteurs de l’économie dans ces terres : l’agriculture, le charbon….
Même ainsi, les principaux enjeux restent stratégiques et politiques.
En 1914, la France est devenue une puissance impérialiste, en raison de ses exportations de capitaux dans le monde, qui la place en seconde position dans le classement des exportateurs, devant l’Allemagne mais derrière l‘Angleterre.

Le livre évoque des années difficiles vers 1880. A creuser ?
Les français épargnent, à cette époque, énormément. Parallèlement, le franc reste stable et le taux d’intérêt est un des plus bas au monde, attirant l’attention de tous les nouveaux pays en quête de financement. Ainsi, la France peut, en cas de besoin, utiliser « l’arme économique » pour faire ployer son adversaire, ou l’attirer à elle.
Si, depuis 1870, la balance commerciale française est négative, les revenus assurés par les rapatriements de capitaux permettent de combler le vide et même d’enrichir le pays ; le cas anglais est similaire.

A partir des années 1890, la France, sentant la nécessité de sortir de son isolement européen, cherche à se rapprocher de la Russie. Cette dernière a besoin d’argent, et d’un contrepoids à l’Allemagne qui bloque les importations de blé russe. Le 17 août 1892, une alliance défensive contre l’Allemagne et mise en place entre les deux partenaires ; en 1893, elle est renforcée par une ouverture du marché parisien aux emprunts russes, qui obtiennent là le financement qu’ils désiraient (la France, bonne épargnante, est en bonne position à cet égard).

La diplomatie française doit beaucoup à l’action de Théophile Delcassé. Nommé aux affaires étrangères ( ?), il comprend rapidement que l’Angleterre et l’Allemagne sont durablement opposées ; il commence alors un rapprochement avec l’Angleterre, qui voit en la France une manière de se protéger, dans une certaine mesure, de la Russie et de l’Allemagne. Parallèlement, par des aides économiques, Delcassé sort l’Italie de la Triplice, et signe avec elle un accord secret, où elle s’engage, en cas de guerre franco-allemande, à ne pas intervenir. Enfin, il opère à un rapprochement avec la Russie, afin de solidifier l’alliance. L’Allemagne semble alors isolée, elle qui jusqu’alors maintenait une France isolée dans son étau.

A partir de 1900, les français commencent à s’installer au Maroc, avec l’appui des russes et des anglais. L’Allemagne n’est pas mise de côté, mais Delcassé lui témoigne tant d’indifférence que Guillaume II riposte violement, dans une tribune où il « refuse le monopole français ». Delcassé, dont la politique est jugée trop dangereuse, est alors limogé le 6 juin 1905. La conséquence d’Algésiras, du 15 janvier au 7 avril 1906, voit le président du conseil Rouvier obtenir une issue favorable à la France : le Maroc reste souverain, et si les droits économiques et commerciaux de tous sont rappelés, ce sont les financiers français qui gardent la mainmise sur l’aménagement futur du pays.
C’était là la première crise marocaine.

Deux « voies » de la diplomatie française apparaissent alors : les partisans de Delcassé sont pour une diplomatie de « rapports de force », de tensions antagonistes entre les pays. Parallèlement, les partisans de Rouvier préfèrent une diplomatie plus conciliante, basée sur le commerce et le milieu des affaires.
En 1911, la France fait, sous le prétexte de protéger les européens, marcher sur Fès son armée. Le gouvernement semble décidé à s’emparer du Maroc. L’Allemagne envoie alors sa canonnière Panther en rade d’Agadir, afin de refroidir les ardeurs françaises. Les longues conciliations qui suivent mènent, le 4 novembre 1911, à un accord qui garantit la mainmise française sur le Maroc, moyennant quoi l’Allemagne reçoit des terres au Cameroun, au Moyen-Congo et en Oubangui. C’est la seconde crise marocaine.
La France sort donc victorieuse de cette crise, ce qui justifie son système d’alliance initié par Delcassé.

La vague d’inquiétudes suscitées par la seconde crise marocaine est utilisée par les députés ; la droite conservatrice rechigne à laisser des territoires à l’Allemagne, et la pression est elle que Caillaux, président du conseil, doit démissionner. Poincaré est désigné à sa place. Le 17 janvier 1913, il est élu président de la République.

A partir de 1911, les militaires français de préparent à la guerre ; à cette fin, le 7 juillet 1913, le service militaire passe de deux ans (loi de 1905) à trois ans, malgré l’opposition de Jaurès et des socialistes. Par ailleurs, cette mesure a été prise aussi en Allemagne un peu auparavant, bien que sa population soit plus nombreuse que celle de la France.
Une vague patriotique traverse alors la France, suscitée plus par une certaine inquiétude qu’une réelle impatience d’aller en guerre.

La droite belliciste(qui ne représente, notons le, qu’une partie de la droite), menée par l’Action Française de Maurras, prend de l’importance, et multiplie les démonstrations de force. Les jeunes de villes montrent une certaine tendance au nationalisme, au bellicisme, au rejet de l’intellectualité.
Parallèlement, la gauche aussi apparait divisée ; bien qu’unanimement pacifiste, elle connait des divergences quant à la conduite à adopter. Alors que les guesdistes condamnent toute action contre la guerre, qu’ils jugent néfaste, Jaurès s’engage de tout son poids dans cette lutte, au risque ainsi de perdre beaucoup de son soutien, autant au sein de son parti qu’au sein de la bourgeoisie républicaine de gauche. Ce refus de la guerre fini par rassembler le même bloc républicain que lors de l’affaire Dreyfus ; la France pro-guerre est une France qui n’a pas encore conscience de la réalité et du massacre de ces conflits modernes.

Le 28 juin 1914, l‘archiduc François-Ferdinand, héritier des Habsbourg est assassiné. Un mois plus tard, l’Autriche envoie un ultimatum à la Serbie. Le 28 juillet, insatisfaite par la réponse qui lui a été donnée, l’Autriche déclare la guerre à la Serbie. Le 30 juillet, la Russie, protectrice de la Serbie, se mobilise. Le 31 juillet, l’Allemagne, montrant son soutien à l’Autriche, somme la Russie d’arrêter sa mobilisation ; le 1er août, elle rentre en guerre contre la Russie, ce qui entraine la mobilisation de la France. Le 3 août, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 4 août, l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne.

A l’annonce de la guerre, la réaction des pacifistes est immédiate, donnant lieu à meetings, placardages d’affiches…. Mais lors de la mobilisation, la population accepte la situation, persuadée de défendre le pays contre l’impérialisme allemand ; tout le monde pense que cette guerre sera courte.
Jaurès, assassiné par un fanatique, est enterré le 31 juillet 1914 ; à ses funérailles, Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, déclare que les syndicalistes seraient aussi favorables à cette guerre de défense de la république et de ses valeurs.
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